Moscou ne croit pas aux larmes

- Que se passe-t-il dans le monde?
- Rien, juste l'hiver.
- Juste l'hiver, dites-vous?
- Je le crois.
Car je fais de mon mieux,
je trace mes empreintes
dans vos demeures
endormies à la prime saison.
- Mais alors, que va-t-il se passer?
- Rien. Juste le mois de janvier.
- Janvier, vous croyez?
- Je le crois.
Depuis le temps que je parcours
les pages du livre blanc.
Le vieil abécédaire
aux belles images.
- Et comment cela va finir?
- Par avril.
- Avril, vous en êtes certain?
- Oui, certain.
J'ai ouï dire, et moi-même
je l'ai vérifié,
déjà on joue du flûtiau
au fond de la forêt.
Et vous en concluez?
Qu'il faut vivre la vie,
coudre sarafans et robes d'indienne.
Et vous croyez qu'il y aura
des filles pour les porter?
Je crois qu'il est temps
de coudre les robes.
Il faut prendre son aiguille
Car la brise peut mordre et tourner
Son règne et sa prison sont condamnés...
Nous avions bonne mine avec ma fille.
Pas le moindre cadeau à t'offrir.
Pas grave, décembre c'est encore loin.
Le 23 décembre, mon anniversaire.
- Et aujourd'hui?
- Simple esbrouffe.
J'étais un parfait inconnu,
alors on vous a expliqué
qui je suis, avec des fleurs.
Et tes académiciens, tes docteurs?
Les docteurs, les agrégés
et le chachlyk étaient authentiques.
Ils ont dit la pure vérité.
Sauf qu'ils m'ont présenté
sous un jour un peu idéal.
C'est rien, la vie apportera
les correctifs indispensables.
J'en venais à craindre
que tu n'ailles complexer
devant le monument.
En effet, j'allais craquer.
C'est sûr que dans le couple l'homme
doit avoir une situation de prévalence.
Si l'épouse est mieux payée,
ou si elle est plus haut dans la
hiérarchie, le couple n'est pas viable.
- Vous parlez sérieusement?
- Tout à fait.
Cette galère,
je l'ai déjà expérimentée.
Mais combien gagnez-vous?
En tous cas, bien plus que ta mère.
Il faut prendre son aiguille
Car la brise peut mordre et tourner,
Son règne et sa prison sont condamnés...
Permettez donc,
au bal du Nouvel An,
de vous offrir mon bras,
madame, pour une valse.
La lune, fanal d'argent
où brûle la bougie,
Carnaval tourne et vire en rond.
La valse, madame.
Donnez-moi votre bras,
Un, deux trois. Un, deux, trois,
Un, deux, trois...